lundi 29 mars 2010

La Conclusion


Cette semaine j’ai l’immense bonheur de pouvoir rentrer chez moi, je dis bien l’immense bonheur car cela faisait bien longtemps qu’une mission n’avait pas été aussi éprouvante; la dernière fois que c’était le cas c’était en Chine en 2004. Si cette mission a été si dure c’est principalement a cause de la différence de culture entre moi et le client ce qui se traduit par une façon différence de faire son travail.



J’ai très vite remarqué a mon arrivée ici que pour les gens rien n’est important, c’est très agréable au quotidien car les gens sont toujours détendu mais cela peut être vite très frustrant quand il s’agit d’organiser une activité en vue de la conclure a une date précise. A chaque fois que je demandais quelque chose, j’ai du apprendre a toujours spécifier une contrainte de temps pour ne pas avoir à attendre indéfiniment. Même avec cette contrainte de temps faire une petite vérification de l’état d’avancement n’est pas un luxe. Que ce soit pour des demandes simples ou compliquées il n’est jamais arrivé que j’obtienne ce que je demande immédiatement. J’ai parfois l’impression qu’une fois que j’ai le dos tourné la personne oublie tout ce que je viens de dire, j’ai d’ailleurs la confirmation quand j’arrive au bureau de la dite personne et qu’elle bondit de son bureau pour se diriger vers la ou il devrait être s’il occupait de mon affaire des qu’elle lève les yeux sur moi. Dans beaucoup de cas j’ai droit a mon arrivée a: « désolé désolé » (je m’en occupe tout de suite car j’avais oublié) et la personne reprends son activité (surfer sur internet) des que j’ai fait demi tour. S’énerver ne sert car personne ne comprends pourquoi je peux m’énerver, l’important pour eux est que j’obtienne ce que j’ai demandé peu importe quand. J’aurais du mal à expliquer aux gens que je ne veux pas rester toute ma vie sur leur île juste parce qu’ils sont incapables de respecter le moindre délai. Malgré tout le boulot que j’avais, j’ai donc du m’organiser de façon a surveiller l’état d’avancement de ce que j’avais demandé. J’allais vérifier le matin en arrivant au boulot, juste avant la pause de midi ou juste après et à 16h juste avant que tout le monde disparaisse. Je sais ça semble beaucoup mais croyez moi ça n’était même pas suffisant dans pas mal de cas.



Le client a été habitué dans les projets précédents a ce que ma société s’occupe d’absolument tout du début jusqu'à la fin et reparte lorsque tout est en place. Sur ce projet ci comme il s’agit d’une extension, le client se doit de participer à la mise en place des nouveaux services. Le problème est qu’il a pris de mauvaises habitudes et qu’il va être très dur de lui en faire changer. Du coup lorsque je demande quelque chose ça se passe à peu près comme ceci:
- Ah bon tu ne t’en occupes pas?
- Non ça n’est pas du tout mon domaine je n’y connais rien.
- Oui mes d’habitudes c’est ta boite qui s’en occupe.
- C’est bien mais la il n’y a personne a par tes gars pour le faire et d’ailleurs c’est leur boulot.
- Ah ben je vais voir ce que l’on peut faire.
- Euh... Il ne faut pas voir ce que vous pouvez faire, il faut le faire sinon ça ne marchera jamais.
- D’accord, tu as besoin de ça pour quand?
- Pour maintenant.
En disant maintenant je sais très bien que je n’obtiendrais rien le jour même, ici le travail s’arrête a 16h15 et les journées sont donc très courtes, en demandant quelque chose pour le jour même j’ai peut-être une chance de l’obtenir 2 jours plus tard.
Il y a une variante si je demande qu’un câble soit mis entre 2 machines:
- Est-ce que tu as du câble pour le faire
- Vous n’avez pas de câble?
- Il faut que l’on regarde
En fait ils ont du câble mais il faut le chercher c’est donc plus simple de me demander d’abord si j’en ai.



A plusieurs reprise quand le client avait du mal a me fournir quelque chose que j’avais demandé, la personne a qui je l’avais demandé venait me voir et me disait quelque chose du genre: « on va faire de notre mieux et sinon ta société nous donnera un coup main ». J’avais toujours envie de répondre: « je ne vois pas en quoi ma société va pouvoir vous donner un coup de main pour que cela, ça n’est pas notre travail ». J’ai l’impression que ce client dépend totalement de nous et que dès qu’ils ont l’impression qu’ils ne pourront pas gérer quelque chose c’est a nous de le faire. Du coup ils se sont effectivement beaucoup reposés sur moi pour gérer les problèmes qu’ils ont rencontré depuis que je suis la. J’aurais pu leur dire de se débrouiller tout seul mais si je voulais repartir d’ici il fallait que je prenne les choses en main. Lorsque je reprends les choses en main, la rigolade est fini est tu as intérêt a filer droit si tu ne veux pas que je te jette par une fenêtre, certaines personnes ont du rester au boulot jusqu'à 20h parce que je voulais qu’ils finissent ce qu’ils avaient à faire avant de rentrer chez eux. Certes je ne me fais pas des amis mais mettez vous a ma place: cela fait 2 mois que vous n’avez pas vu votre femme, le projet sur lequel vous travaillez n’avance pas et vous n’y êtes pour rien, le seul moyen de vous en sortir est de pousser les gens afin qu’ils fassent ce qu’ils sont censé faire et qu’ils ne font pas pour des raisons que vous ne comprenez pas. Je suis certains que chaque personne de ma société qui est venu au Kiribati avant moi a été confronté a cette situation ou il a du s’occuper de choses pas du tout de son ressort pour être sur de pouvoir rapidement rentrer chez lui.



Pendant mon séjour, j’ai finalement compris pourquoi les choses n’avançaient pas quand je demandais quelque chose: ils ont tellement pris l’habitude que ma société s’occupe de tout qu’ils ne savent tout simplement pas comment ce qu’ils ont acheté marche.
Tous les étrangers que j’ai rencontré sur cette île sont d’accord avec moi, 15 jours est la période maximale que l’on peut rester sur cette île. J’ai tellement de chance!

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